S'il y avait bien quelque chose à reprocher aux fêtes nationales, c'était leur incroyable capacité à se dérouler seulement lors des beaux jours. Comment ça, "c'est pas vrai" ? On s'en fiche, le monde, c'est la Russie, actuellement. Si. Et dans le cas russe, la fête nationale, ça se passe sous l'assaut répété des moustiques et autres bestioles fort bien accommodées à la chaleur. Et c'était bien dommage. Pas que ça le dérangeait d'être dehors, de nuit, quand il faisait chaud et pas moins quarante, mais il trouvait comme une déception dans la réalisation répétée de la fête à la même période de l'année.
Il lui arrivait, parfois, d'imaginer les mille couleurs éclatantes de la paix se mêler à la douceur et la dureté du givre, de la glace, de la neige. Il voyait avec une précision infinie les reflets multicolores contre les sommets et les lacs gelés. Et, bien sûr, voir les quelques vingt centimètres de neige qui s'amoncelaient devant sa porte ce matin avait ravivé ses rêves juvéniles. Il avait donc enfilé deux paires de gants, s'était imbriqué dans son écharpe et un pull des plus chauds, avait enfoncé un bonnet sur sa tête, sauté dans ses bottes et avait – tant bien que mal – passé le pas de la porte.
Il se gelait les pieds, avançait avec grand mal dans le lourd manteau blanc de la terre, mais voulait à tout prix déclencher ces coups de feux célestes. Il savait déjà où se diriger avant même d'être parti. Ses pas le menèrent donc tout droit où il escomptait trouver ce genre de bricoles : à China Town. Il n'y avait pas un endroit ici où il était plus aisé de trouver pareil n'importe quoi et l'acquérir aussi simplement. A Daisy Town, il lui aurait fallu un permis de port d'armes... Tsk.
Pas qu'il n'en avait pas, mais c'était pour le principe.
Il poussa donc résolument la porte, écoutant avec un sourire enfantin le tintement de la cloche d'entrée.

« Bonjourrrrr. »

Restait maintenant à savoir ce qu'il achèterait, exactement.