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 {1820} Toi et tes icebergs [Antarctique]

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Fonda

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MessageSujet: {1820} Toi et tes icebergs [Antarctique]   {1820} Toi et tes icebergs [Antarctique] Icon_minitimeJeu 24 Fév - 20:13

    L'excitation et l'envie de découvrir de nouvelles terres avaient pris le pas sur la raison. Une fois de plus. Ivan avait dû fortement insister auprès de l'empereur, Nicolas Ier, pour qu'il l'autorise enfin à accompagner l'expédition. Déjà qu'il avait eu du mal à se laisser convaincre d'envoyer des troupes sur place, il voyait d'un mauvais œil le départ de la Nation. 1819. Il ordonna au Russe de se tenir bien tranquille sous la tutelle de Fabian Gottlieb Thaddeus von Bellingshausen à qui il confia la tête de la petite troupe russe. Ils devaient aller en Antarctique. Les grands horizons, les grands espaces, un monde que personne ne connaissait et que personne ne connaîtrait peut-être jamais à part lui... le rêve. Une terre à exploiter, peut-être ? Il s'imaginait tout un monde, différent du sien, totalement à l'écart. Ceux qui avaient observé, de loin, l'Antarctique, avaient décrété que c'était une terre de glace. Peut-être à l'intérieur des glaces y avait-il des espaces verdoyants ? Après tout, le Groenland a été nommé ainsi parce qu'à la base, c'était un pays vert, et à présent c'était une terre glaciale. Pour l'Islande, c'était le contraire. A croire que les Nordiques ne savaient pas donner de noms potables à leurs "colonies". L'Antarctique, c'était différent. Que pouvait-il bien y avoir là-bas, hein ? Peut-être pourrait-il y trouver des créatures fantastiques telles qu'on les contait dans les livres ? Il ne tenait plus en place. Tout ça, tout ça... c'était tellement... merveilleux ! Aller sur de nouvelles terres, à la rencontre de nouvelles personnes, c'était si enthousiasmant ! Voguer ça et là, en prenant sa vie en main –et en plus par les deux mains– et n’avoir de comptes à rendre à personne hormis la mer, c’était si… c’était fabuleux. Evidemment il n’y avait pas que ça qui prenait place dans la tête d’Ivan. De nouvelles terres, oui. Avec les nouvelles terres venaient aussi les nouvelles populations. Les nouvelles populations étaient synonymes de conquêtes, et donc par extension de nouvelles populations à asservir, et une nouvelle Nation qui rejoint la famille soviétique. Ivan aimait lorsque la « famille » s’agrandissait. Ça lui donnait des responsabilités, le sentiment d’être utile –mais seulement le sentiment– mais aussi celui d’avoir des personnes à protéger, puis il avait plus de gens autour de lui. Et être entouré, il aimait ça. Il était ravi. Juste ravi de prendre la mer. Ravi que l’empereur le laisse partir, prendre le large, découvrir « le monde ». Il avait déjà découvert de nombreuses contrées, exploré de nombreux endroits, mais ça lui faisait toujours la même chose d’aller vers de nouveaux endroits. Ce pincement au cœur qui le prenait chaque fois qu’il savait qu’il allait partir, cette excitation qu’il ne pouvait contenir, comme un gosse, cette impatience qu’il tentait de garder au fond de lui tant bien que mal, étaient un peu son petit bonheur personnel.

    C'était exactement ce qu'il ressentait lorsqu'il embarqua à bord du navire de la Marine Impériale Russe, en direction pour l'Antarctique. Le 5 septembre 1819, le périple put commencer. Lui était à bord du navire, heureux comme un roi, heureux comme… comme un gosse lors du jour de son anniversaire. Il avait l’impression d’être aux anges, même s’il n’était qu’à bord d’un navire militaire, même s’il connaissait par cœur cette impression. Il parla assez bien avec le jeune Mikhaïl Lazarev, un explorateur russe "renommé". Il avait déjà fait un tour du monde de 1808 à 1813 et était de bonne compagnie ; il lui racontait ses récits de voyage, ses épopées. Ivan le soupçonnait parfois d’embellir les choses mais, bon, il ne chercha pas non plus à l’interrompre dans ses récits : il aimait ça et en redemandait même. Lazarev commandait un navire, comme Bellingshausen, le second navire en fait puisqu’il n’y en avait que deux qui étaient engagés dans l’expédition scientifique. Charmants jeunes hommes, l'un comme l'autre. Amicaux. Russes, quoi. En prime, bon compagnons de beuverie, ce qui ne pouvait être qu'un plus. Le voyage était joyeux et se passait sous le signe d’une bonne étoile quelconque. Les tempêtes, faisaient parfois rage comme des tempêtes. D’un coup les nuages s’amoncelaient, une goutte de pluie tombait sur le visage du Russe, puis la pluie commençait à s’abattre, violemment. Alors il fallait prendre son poste, tenir la barre, ne pas hésiter à courir partout pour empêcher le navire de couler. Une vraie vie de marin. Mais c'était amusant. Ca sortait du commun. Le détroit de Magellan, une splendeur sans nom, apparut au Russe comme la plus dure étape du voyage. Ils eurent de la chance cependant, la tempête ne se présenta pas sous sa pire forme et ils purent passer le détroit sans trop de pertes pour continuer leur « odyssée ». Il avait l’impression d’être Ulysse, de défier le Dieu de la mer, d’aller « au-delà ». Seulement il savait que non, il allait « au-delà », certes, mais contrairement au héros grec il allait quelque part, et ce quelque part ne lui était pas un ailleurs qu’on lui empêchait d’atteindre.

    Et puis, enfin, la place tant attendue. Le 28 janvier 1820, il se leva en précipitation en entendant Bellingshausen hurler voir des champs de glace. Ivan se dirigea fébrilement vers la proue du navire, cherchant à distinguer la terre pour laquelle ils avaient voyagé si longtemps. Arrivé là, il fut... déçu ? Oui. Des champs de glace, en effet. Les autres n'avaient pas menti. Il n'y avait que de la glace, donc de la neige, brrr. Mais il ne fallait pas se décourager. L'important était d'aller au bout, de pousser jusqu'à fouler de ses pieds la terre de gel où aurait même pu vivre Ded Moroz. Il fallait toujours être optimiste. Cette terre là, qui se dressait devant lui, n’était pas que de la glace, de la neige et du froid, c’était une terre de promesses prête à lui apporter beaucoup. Alors il attendait avec enthousiasme que le navire s’approche des terres émergées, il attendait, impatient, de pouvoir poser le pied sur cette terre gelée et fouler le sol de cette nouvelle contrée qu’il voulait découvrir en premier. Il ne s’agissait pas d’une course, ni d’une lutte, seulement d’un jeu, d’une envie. Il voulait, et il devait avoir. Cette idée fixe ne cessa pas de le maintenir, souriant, sur la proue du navire. Plus ils s’approchaient, plus il perdait patience, moins il voulait attendre. Mais il se contenait. Il fallait se contenir, ne pas se jeter dans l’eau glaciale pour rejoindre à la nage cette terre promise. Il savait mieux que personne que ça ne rimait à rien. Pourtant, comme il en avait envie !

    Et puis, plus rien. Après quelques jours il lui sembla que le navire n’avançait plus. Il lui sembla même qu’il reculait, qu’il quittait cet endroit. A la hâte il se dirigea vers la cabine du capitaine. Comment ça, ils ne pouvaient pas avancer plus ? Mais il le fallait ! C’était leur découverte, c’étaient leurs terres, ils devaient accoster pour voir, pour se jeter dans la neige de l’Antarctique. Ils ne voulaient pas. « C’est trop dangereux », qu’ils disaient. Kol kol kol ~ Ce serait bien moins dangereux que de rester à bord et ne pas lui donner ce qu’il voulait. Ils refusaient toujours. Il n’était pas question de s’approcher plus, les icebergs pouvaient couler le navire, et que feraient-ils, s’ils ne pouvaient rentrer en Russie ? L’empereur en serait bien fâché. Surtout s’il apprenait que c’était Ivan qui avait forcé les marins à s’avancer malgré le danger omniprésent. Il insistait. Ils ne voulaient pas.

    - Froussards.

    S’il le prenait de cette façon, il n’avait qu’à y aller, lui. Eux ne prendraient pas ce risque. Eux ne voulaient pas prendre ce risque. Trop dangereux, bien trop dangereux. On lui affréta une barque. Vanya se sentit ridicule, très ridicule, ainsi obligé de ramer pour accéder au territoire caché. Ils l’attendraient pour rentrer, ils n’avaient pas le choix. Ils ne voulaient pas avoir d’ennuis avec l’Empereur de toutes les Russies. Alors il ramait, comme un crétin. Il manqua plusieurs fois de lâcher les rames. C’aurait été ennuyeux. Il aurait fallu repartir à la pêche pour les récupérer, et il n’avait pas de matériel de pêche. D’ailleurs, avec quoi il aurait pu appâter une rame ? Avec sa jumelle ? oui, mais s’il perdait les deux ? choix difficile. Il finit par arriver sur la terre, malgré quelques petites encombres passagères comme un accrochage au niveau de la coque vers la fin de son « périple ». Encore heureux, il n'était pas vraiment sûr que la barque aurait survécu s'il avait dû passer quelques temps en plus dans l'eau. Il devrait d'ailleurs chercher quelque chose pour arranger cela, sans quoi il devrait retourner au navire à la nage, ce qui n'était franchement pas quelque chose de plaisant à imaginer : il ne voulait pas devenir un glaçon sur pattes.

    La barque laissée et amarrée sur la plage, il se dirigea vers l'intérieur des terres, cherchant... quelqu'un. Il devait bien y avoir quelqu'un par ici. Alors il marchait, ouvrant en même temps l'œil pour le cas où il trouverait de quoi arranger la malheureuse barque qui l'avait gentiment déposée ici. Alors il marchait, ça et là, cherchant des yeux ses deux « proies ».

    Allez savoir, peut-être même qu'il trouverait du poisson.
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{1820} Toi et tes icebergs [Antarctique] Vide
MessageSujet: Re: {1820} Toi et tes icebergs [Antarctique]   {1820} Toi et tes icebergs [Antarctique] Icon_minitimeVen 25 Fév - 13:41

Le jeune continent se réveilla aux premières lueurs du soleil, le vent soufflait et balayait la plaine déserte recouverte de l’épaisse couche de glace, un nouveau jour se levait sur sa solitude qui semblait s’éterniser à la longue.
Il n’y avait rien sur ses terres constamment gelées, à part des animaux en tout genre qui tente chaque jour de survire, aucun être ne lui ressemblait ici, à croire qu’il était le seul de son espèce, personne avec qui échanger un quelconque dialogue.
Bien sûr il y a avait un oiseau qui semblait l’apprécier car James lui avait donné plusieurs fois du poisson, une drôle de bête à plume grise possédant un tête noire et un bec rouge comme le sang, et qui depuis ne le lâchait plus d’un pas. Certes c’était une compagnie, mais malheureusement pour lui l’animal n’avait pas la faculté de lui répondre, mais au fond il restait bien seul.
Et rapidement un constat se fit au cours des longues années qu’il avait passé dans ce froid, les animaux avaient se nourrissaient comme lui, ils dormaient comme lui, mais contrairement à lui ils s’arrêtaient de bouger à jamais.
Il n’arrivait pas à comprendre ce mécanisme, lui était encore debout après des siècles sur ce bout de territoire alors qu’après des courtes années les autres habitants de l’île s’endormaient un jour et ne se réveillaient plus, c’était quelque chose qui lui échappait totalement.
Ceci l’effrayait au plus au point ne sachant nullement si un jour lui aussi connaîtrait exactement le même sort ou non, comme le fait de se retrouver seul sans pouvoir partager des moments avec un individu de sa race, il souhaitait partir d’ici par n’importe quel moyen.
Cette île entourée de blocs de glace était une prison froide et immense, bordée par une mer où aucun être pouvait prendre le risque d’y rester trop longtemps, un vent froid et sec qui soufflait à longueur de journée.
Tout ce qu’il voulait s’était comprendre ce qu’il était vraiment, ce qu’il faisait ici, quel était donc son but dans la vie… Était-ce donc si mal que cela de rêver de liberté ? Peut être que rester ici était une punition qu’on lui avait infligé, il ne se rappelait peut être pas d’avoir était mauvais.
Ça le peinait de penser à tout cela, ne pouvant retenir des larmes, des larmes d’enfant qui ne comprend pas ce qui l’entoure sans que personne ne lui vienne en aide, ne possédant aucun moyen de changer son destin ou même d’arranger la situation actuelle.
Chaque soir il regardait le ciel se recouvrir de points lumineux et parfois même de traînées flamboyantes aux teintes verdâtres, à la fois admiratif et curieux de se demander ce que ces choses pouvaient bien être, terminant toujours par s’endormir où il s’arrêtait pour regarder cette étendue sombre au dessus de sa tête. Triste quotidien que James devait affronter chaque jour.

Pourtant depuis quelques années il devait faire face à de curieux phénomène sur les côtes de l’île, les animaux à la douce fourrure et aux regards qui en ferait fondre plus d’un venaient pas plusieurs s’échouer les côtes couvert de liquide rouge, leurs manquant un bout de pattes ou autres et portant parfois un drôle d’objet dans la peau.
C’était quelque chose de brillant au soleil, long, qui coupe au bout, extrêmement dur, qui fait couiner les bêtes qui bougeaient encore.
Une fois James avait tenté d’un retirer un d’un corps inerte, il lui avait fallu plusieurs jours tant celui-ci s’était enfoncé loin dans la chair, depuis il le gardait dans un coin pour l’observer, essayant de trouver un indice de sa provenance.
La chose n’était pas vivante, vu sa forme les animaux l’auraient forcément vu dans l’eau, elle ne pouvait pas flotter avec son poids, elle n’était pas originaire de ces territoires glacés, c’est-ce qu’il avait pu en déduire à force d’examiner sous toutes les coutures cette chose étrangères.
L’espoir était alors né pour lui, si quelqu’un avait bien fabriqué ceci alors il n’était peut être pas le seul de son espèce à vivre, il se passait des choses bien au-delà de l’eau glaciale et des blocs de glace.
Il s’accrocha ainsi quelques années à ce rêve, scrutant l’horizon avec un espoir sans fin, une joie immense le possédait dès lors.
Désormais il passait son temps à longer les côtes à la recherche de d’autres objets dans le même genre, accompagné de l’oiseau qui ne le lâchait plus du tout et dont il commençait à s’accoutumer à sa présence peu à peu, ressentant chaque jour une sorte d’excitation mêlée à une curiosité sans fin.
En parlant de cet drôle d’oiseau qui le suivait partout il avait terminé par lui donner un nom, oui car d’accoutumé James ne donnait que très rarement un nom pour qualifier un animal, une situation, un état car personne n’était là pour lui expliquer comment les nommer. Mais l’a il s’était dit qu’il pouvait faire un effort pour son compagnon de voyage à plume, parce qu’il s’y était habitué à la longue à cette présence à force de partager des poissons, de dormir en le tenant dans ses bras, de chahuter gentiment avec lui, il avait choisi Piflip.
Ça ne voulait rien signifier de particulier, juste que le nom avait une sonorité assez amusante à son goût et qu’on font il trouvait que ça lui allait bien, il était heureux d’avoir trouvé cet oiseau qui venait explorer les terres glaciales avec lui.

Un jour quelque chose d’inattendu se produisit alors dans la mer, un monstre au loin semblait nager au dessus de la mer, ne sachant ce que ceci pouvait bien être.
Depuis son île il l’observait sans bouger tout en serrant contre lui l’oiseau, il ne pouvait pas le quitter des yeux une seule seconde par peur d’un côté et de joie de l’autre.
James avait peur de quoi ce monstre pouvait bien être capable, l’imaginant déjà semer la terreur sur ce territoire ou encore d’engloutir l’ensemble des poissons de la mer en un instant, il se souciait de l’avenir avec la venue de cet élément perturbateur.
La joie venait certainement de la découverte de cette chose jamais vu auparavant, avec l’infime espoir qu’elle l’emmène bien loin d’ici, la curiosité le piquait nerveusement.
Il resta ainsi plusieurs jours assit à fixer le monstre au loin qui ne bougeait plus, ne comprenant nullement ce qui pouvait bien de ce passer, finissant par croire que cette chose s’était peut être endormi à jamais comme les animaux.
Mais un matin Piflip le réveilla en poussant d’aigues piaillements à son encontre, d’un geste lent il avait tenté de faire taire la bête sans aucun succès, terminant par se lever pour voir d’où venait le problème il aperçu alors une forme étrange se déplacer sur l’eau entre les blocs de glace.
Le cœur battant il observa en silence plus distinctement ce qu’il voyait au loin : une sorte de modèle réduit d’un monstre sauf qu’il y avait deux grandes pattes pour nager et sur son dos une sorte d’animal qui bizarrement semblait être de la même race que lui.
S’approchant au maximum du lieu où les deux éléments perturbateurs s’étaient accostés le tout en restant à l’abris pour continuer son observation derrière un rocher glacé, accompagné par son fidèle compagnon à plumes.
L’inconnu était grand, bien plus vieux que lui, aux yeux et aux cheveux qui possédaient une teinte bien différente de la sienne, recouvert d’un lourd vêtement, marchant avec une allure sûr de lui.
Lui il était petit, sans savoir qu’il avait l’apparence d’un enfant de cinq ans, aux yeux bleus et aux cheveux prenant une couleur identique, n’ayant qu’un simple vêtement blanc épais avec un dessous qui paraissait être une miniature de celui de l’individu, complètement pied nus dans ce désert polaire.

Le jeune continent prit son courage à deux main, suivit le phénomène qui continuait de marcher dans le froid, allant jusqu’à se mettre juste derrière lui.
Tenant d’une main l’oiseau il fixait l’individu qui ne l’avait pas encore remarquait, d’un geste tremblant et peu sûr de lui il attrapa un bout de vêtement long qui s’enroulait autour du cou du géant, la panique s’empara rapidement de lui, la seule chose qui venait à son esprit était la fuite.
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MessageSujet: Re: {1820} Toi et tes icebergs [Antarctique]   {1820} Toi et tes icebergs [Antarctique] Icon_minitimeVen 25 Fév - 18:40

    Il faisait froid. Ivan avançait vers l’intérieur des terres, emmitouflé dans son long manteau, l’écharpe volant légèrement sous la brise. Il marchait, ou plutôt, il errait. Il observait avec délice ce désert de glace qui se dressait devant lui. Il n’aimait pas le froid, non. Il n’aimait pas la neige, non, mais ici, il avait l’impression qu’il n’y avait pas réellement d’hiver. C’était un peu comme si la douceur du lieu enlevait au froid un peu de sa dureté. Tout ça, ça lui semblait féérique. Il s’attendait à voir débarquer d’un moment à l’autre génies, sorcières et autres personnages de contes. Tout pouvait arriver. Ce monde était tellement neuf. Il ne connaissait peut-être même pas l’être humain. Peut-être qu’ici vivaient uniquement créatures mythiques, grands héros de tous temps. Il s’attendait même à voir pousser sous ses yeux le plus beau des palais de glace. Plus beau, plus magnifique, plus majestueux encore que le palais de Peterburg. Mais il n’arrivait rien, dans cette terre glaciale recouverte d’un long manteau blanc, emmitouflée comme lui dans le sien. Un peu comme si elle voulait se protéger de l’extérieur, des autres. Mais il y aurait bientôt tant de personnes, qui viendraient pour explorer ce continent, tant de personnes qui iraient effectuer des recherches ici. Russie ne pourrait pas déclarer être celui qui avait découvert l’Antarctique. Il était une Nation, pas un homme. Ici tenait toute la différence. Une Nation restait dans l’Histoire grâce à son peuple, elle ne pouvait pas se soulever seule. Une Nation ne pouvait avoir d'histoire par ses seuls moyens, il lui fallait de l'aide pour cela. Les Nations sans histoire, n'existaient pas aux yeux du monde. Alors que les Nations qui avaient les empereurs (Napoléon, ce grand homme), la vodka (l'inventeur de la vodka, ce grand homme) et les révolutions (non France! Reste loin avec tes grèves!) restaient dans l'imagerie populaire et "formaient" réellement la Nation en elle-même, comme on aurait formé un vase, en le faisant tourner entre ses doigts pour le construire.

    Russie marcha longtemps ainsi, il ne savait pas exactement combien de temps. Il y avait des animaux, qui n’avaient pas vraiment peur de lui, même s’ils se tenaient à l’écart et ne l’approchaient pas. Il y avait des bêtes, il y avait de la terre, il y avait de l’eau, de la glace. Mais il n’y avait pas de peuple. Vanya avançait, au milieu d’un désert de glace, sans autre compagnie que son tuyau de plomberie et la pensée qu’il ferait bientôt demi-tour pour rejoindre les autres. Il n’aimait pas être seul. Il aurait dû insister pour que quelqu’un l’accompagne, mais à vrai dire il pensait sincèrement qu’il y avait des personnes qui vivaient sur ce clopin de terre gelée. Seulement, il n’y avait que le silence. Un magnifique silence, à en faire pleurer les morts. Un magnifique silence à lui déchirer le cœur. Chut. Entends-tu ce bruit ? Le son que faisait le vent lorsqu’il venait pousser la neige d’une délicate brise. Un son qu’il avait oublié, la ville, la population, le bruit, avaient remplacé la douceur de la nature, de ce délicat sentiment d’amertume. Il lui semblait retomber en enfance. Le Russe se baissa un moment, attrapant dans sa main une poignée de neige, puis se releva pour la laisser couler en observant cette matière froide, blanche, douce et rugueuse à la fois, qui attrapait la lumière et le laissait aussi seul dans un monde aussi grand. L’espace, le temps, le déchiraient. Tout était et n’était pas. Il recommença à marcher, à vaquer ça et là, à avancer en ligne droite au milieu du « rien ». Le sol ressemblait au ciel, les nuages, à la terre, la terre, aux nuages. Y avait-il réellement de la terre, en-dessous de toute cette glace ? Question essentielle. A savoir, si jamais la glace fondait, serait-il toujours au sec ou devrait-il se faire sauver par des baleines. Question primordiale. Les priorités de la vie devaient s'en tenir là, à savoir si oui ou non il pourrait garder les pieds au sec.

    Jusqu’à ce qu’il sente, autour de son cou, une légère pression. Il s’arrêta. Abaissa son écharpe, qu’elle ne couvre plus le bas de son visage comme il aimait pourtant à le faire. Il resta ainsi un petit moment, peu pressé de se retourner ; précaution était mère de sureté. Pour une fois il ne désirait pas casser la glace, il ne désirait pas "briser la glace". Il y avait quelque chose, avec lui. Quelque chose qui serait une compagnie. Quelque chose, qui ne connaissait sans doute pas l'être humain. Quelque chose qui n'avait sans doute cure des Nations, de l'Histoire, des évènements et des déchirements politiques. Sans doute était-ce un animal, qui prendrait la fuite s’il se retournait trop vite. Il tira légèrement sur son écharpe, pour observer s’il y avait une résistance ou non en son bout. Oui. Il était toujours là. Il n'avait pas bougé. Il le tenait comme on aurait tenu un animal en laisse. Ivan ne savait pas s'il devait trouver ça dégradant, inquiétant, ou s'il devait juste être heureux d'avoir "de la visite". Pas de compagnie est mieux que mauvaise compagnie ? Pas pour le Russe. Il préférait cent fois être avec de mauvaises gens qu'avec personne. Au moins, pouvait-il clairement faire comprendre à ces personnes qu'il ne les appréciait pas. Allez faire comprendre à rien que vous ne l'appréciez pas, vous. Il en faut, de l'imagination, pour faire ça. Il tira encore une fois, très légèrement, sur son écharpe ; encore une fois il sentit de la résistance. Alors, sans brutalité, il se retourna. Lentement. Lentement. Pour ne pas l’effrayer. Il baissa les yeux. Un petit garçon. Il s’accroupit, passa sa main dans la chevelure bleue du jeune enfant, souriant. Il y avait donc bien des gens qui vivaient ici. Il laissa tomber ses bras sur ses genoux, observant le plus jeune, ses yeux bleus, son teint pale. Il ne portait presque rien. N’avait-il donc pas froid ? Il devait avoir l’habitude.

    - Qu'est-ce que tu fais là, tu es perdu?

    Reconsidérant sa question, il s'aperçut qu'elle était... stupide. Comment se perdre dans un endroit qui n'était qu'un amas de glace ? Ses parents ne devaient pas être loin. Ils étaient sans doute même tout près, en train de chasser, de chercher quelque chose à manger, prêts à le découper, lui, s'il s'approchait de trop près de leur enfant. Comme la tentation était forte. S'il voulait, il pourrait très bien prendre le gamin sur l'épaule et se barrer avec. Avec un regret il se souvint de la barque. Elle était déjà en mauvais état, pas sûr qu'elle réussisse à tenir avec deux passagers. Et les hommes du navire demanderaient ce que ce gamin venait faire là. Et Nicolas Ier, aussi. En définitif, mauvaise idée. Mieux valait ramener cet enfant à sa famille, visiter un peu l'endroit et prendre le large.

    - Où sont tes parents ?

    Il sourit tandis qu'il posait sa question. Où sont tes parents. C'est alors qu'il remarqua l'oiseau qui accompagnait le jeune garçon. Drôle de bestiole. Il n'en avait jamais vu de tels auparavant. Il ne ressemblait pas aux oiseaux des contes. En cela, il était un peu déçu, il s'attendait... à autre chose. Allons, pas d'ours blancs qui parlent, pas de Baba Yaga. Rien qu'un petit enfant, et son oiseau étrange. Combien pouvaient-ils bien être, sur ces terres ? Vingt ? Trente ? Ivan doutait qu'il y ai des villes, ni beaucoup de personnes. Ils devaient être un petit groupe. C'était un continent tout nouveau, après tout. Ils n'étaient jamais beaucoup, au départ, puis, plus le temps passait, plus ils devenaient nombreux. La vie était ainsi faite. Peut-être ce gamin aurait-il de nombreux enfants, plus de petits-enfants encore. Peut-être que l'Antarctique deviendrait un jour le plus grand pays du monde, allez savoir. L'avenir était quelque chose d'inaccessible.

    Ivan aperçut soudain les pieds de l'enfant. Nus. Ce n'était pas avec les pieds nus qu'il allait devenir arrière grand-père, pour sûr. Il risquait plus de chopper la crève et... quoi que. Peut-être n'y avait-il pas de maladies, dans ce nouveau monde ? Peut-être était-ce un monde aseptisé ? Le monde parfait pour les scientifiques, haha… mais pas pour un petit garçon. Ha. Pauvre enfant, il devait avoir si froid. Si froid. Et il devait se sentir bien seul. Il n’y avait pas d’autre enfant avec lui. Etait-il un rejeté ? Ce n’était jamais amusant, d’être seul. Il lui tendit la main, doucement.

    - Allez, viens, tu vas attraper froid.

    Il lui sourit. Chaleureusement ? Peut-être. Il n'avait aucune raison d'être hostile à l'enfant. Il était son unique compagnie pour l'instant, et la preuve qu'il y avait bien des gens qui vivaient ici. Quoi de plus réjouissant ?

    Que la contrée soit à lui ?
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MessageSujet: Re: {1820} Toi et tes icebergs [Antarctique]   {1820} Toi et tes icebergs [Antarctique] Icon_minitimeSam 26 Fév - 9:09

Sa main tremblait au possible comme le reste de son corps, l’angoisse ne faisait que s’accroître à chaque seconde, fixant cet individu face à lui.
Ce qu’il tenait entre ses mains il ne pouvait se résoudre à le lâcher, c’était comme si il venait d’attraper un trésor inestimable qu’il ne devait jamais perdre quoiqu’il arrive, appréhendant l’avenir et son devenir. L’étranger pouvait bien mal le prendre, allant jusqu’à le frapper ou même le tuer.
James était cependant un peu rassuré de ne pas être seul lors de cette terrible épreuve, heureusement pour lui qu’il avait fait la connaissance de son oiseau, remerciant mentalement la bête à plume d’être là.
Le silence parfait régnait en maître entre eux, aucun des deux ne bougeait de sa place à croire qu’ils avaient gelé sur place à force de se tenir immobile sur l’étendu blanche, n’osant ouvrir la bouche de peur de dire quelque chose de travers ou de paraître bien médiocre.
Un sentiment d’infériorité naissait peu à peu, déjà rien que quand il observait ce géant qu’il ne rattrapera certainement jamais en taille, lui était né sur ce bout de glaçon alors que l’autre devait venir d’un monde tellement plus merveilleux. Il se sentait si idiot en comparaison avec le nouvel arrivant, ne sachant comment réagir.
Alors il sentit qu’on tirait sur le vêtement comme pour se débarrasser de lui, il hésita à lâcher prise quelques instants mais finit par prendre la décision de le garder dans sa main quoi qu’il arrive, avalant difficilement sa salive le tout sans quitter des yeux ce qu’il fixait depuis le début.
Il souhaitait voir son visage de plus près, que le géant se retourne pour le regarder et lui prêter un peu de son attention, est-ce qu’exister un peu était trop demander ?
C’est du moins ce que le geste répété, de retirer de ses mains le vêtement, lui faisait penser, peut être qu’il n’avait pas le droit d’exister en ce bas monde, qu’on le condamnait sur cette île gelée pour une solitude éternel.
Et pourtant à cet instant il refusait de croire cela, le destin avait fait qu’ils se rencontraient maintenant et il n’allait pas laisser ce qui était sans doute son unique chance s’envoler, il allait tout faire pour qu’on le remarque ne serait-ce qu’un peu.
La solitude il ne la supportait plus, il en avait assez de ne rien pouvoir partager avec autrui et d’être privé de contact, il ne voulait plus se retrouver aussi seul que durant ces siècles passaient ici à attendre un quelconque signe. Et ce signe venait d’arriver aujourd’hui, c’était une parfaite évidence pour lui.
Ainsi dans la tête de la jeune nation il se devait de rester fort quoiqu’il arrive, il refoula ses larmes bien loin pour paraître présentable face à ce géant venu de la mer, resserrant contre lui sa prise qu’il avait contre Piflip. L’animal se colla le plus possible contre lui, comme si il était effrayé par ce nouvel individu qui était dos à eux, ce qui inquiéta un peu l’enfant.
Cet étranger était peut être ici dans le but de le faire s’endormir à jamais comme les autres animaux, de lui faire du mal à lui ou son compagnon à plumes, et non pas de l’emmener loin d’ici.
Une éventualité qu’il à laquelle il n’avait pas pensé avant, cette rencontre pouvait être sa première mais aussi sa dernière.

Le géant se tourna alors vers lui avec lenteur, finissant après un petit temps par poser ses yeux sur lui, il venait de prendre par surprise James qui ne s’y attendait pas.
Le jeune continent pouvait alors observer de plus près le visage de cet être venu d’ailleurs, admirant les cheveux d’un couleur si clair et brillante, fixant les yeux qui possédaient une drôle de couleur qu’il n’avait au grand jamais vu auparavant, sans prêter attention au nez bien plus grand que le sien.
Au plus profond de son frêle corps il pouvait sentir le rythme augmenter rapidement, tentant de graver à jamais ce visage où un sourire des plus impeccable s’affichait.
On pouvait lire sans nul doute de l’admiration à l’égard de ce drôle d’individu fraîchement débarqué sur l’île, ne pouvant détacher son regard de cet être qu’il lui semblait dès lors si incroyable pour lui prêter de l’attention, laissant sur ses propres lèves un minuscule sourire se dessiner sur ses lèvres.
Il lâcha prise du vêtement pour venir de son bras alors libre réchauffer l’oiseau qui cherchait un brin de chaleur contre lui, sans un mot il laissa ce géant s’accroupir devant lui pour poser une main sur sa tête.
Ce contact le fit rougit légèrement, n’ayant aucune expérience dans le domaine des contacts physique, trouvant cela fort agréable d’être enfin vu par quelqu’un.
Silencieux comme la plaine glacée il ne protesta nullement quand l’étranger retira sa main et le laissa l’observer sagement comme lui continuait de faire à son égard.
La jeune nation se demanda ce que pouvait bien être ces drôles de vêtements que l’autre portait, s’imaginant qu’ils possédaient peut être un pouvoir caché ou quelque chose du genre.

- Qu'est-ce que tu fais là, tu es perdu?

Par cette unique phrase l’inconnu engageait donc une conversation, il allait pouvoir échanger avec quelqu’un ce qu’il ressentait enfin ou même lui poser des questions qu’il lui brûlaient les lèvres depuis tant d’années.
Mais rien, sa bouche ne voulait point s’ouvrir et pourtant ce n’était pas l’envie qui lui manquait, ne comprenant pas d’où pouvait venir ce phénomène. Il aurait vraiment aimé expliquer à l’autre qu’il n’était pas perdu loin de là, qu’il était seul depuis longtemps à espérer qu’on vienne le chercher ou encore qu’on le serre dans les bras.
Le manque de socialisation ou de civilisation se faisait lourdement ressentir, tout ce qu’il savait de la vie il le savait grâce à son observation quotidienne des animaux présents, il ne savait pas comment ce comporter dans ce cas de figure et si il risquait d’offenser ce géant.
Le sentiment d’infériorité ressentit bien plus tôt s’accentua, préférant baisser les yeux pour regarder Piflip qui prenait tranquillement sa sieste, il n’avait pas le droit de regarder ainsi un être si supérieur à lui. Il avait honte d’être ce qu’il était, une simple chose toute fragile et seule.

- Où sont tes parents ?

« Parents ». Il ne connaissait pas la signification de ce mot étrange, James faisait face à son inculture du monde à travers les mers qu’il lui était totalement inconnu, ne sachant que ce pouvait changer d’avoir des parents comme disait l’autre. Décidément il devait bien donner un aspect purement négatif de sa personne, sa bouche s’était bien entrouverte mais aucun son n’arrivait à en sortir.
Son corps entier refusait de bouger comme si il venait de geler sur place, sa tête lui disait de courir et de fuir loin alors qu’il restait là immobile sans bouger le moindre petit doigt.
Le regard que lui portait l’étranger commença d’une certaine façon à le déranger, il ne voulait pas qu’on remarque à quel point il était misérable d’être figé ainsi.

- Allez, viens, tu vas attraper froid.

James ne put se retenir de fixer alors l’autre qui souriant en lui tendant la main, ressentant dans sa poitrine comme si tout s’était arrêté d’un coup pour redémarrer à pleine vitesse, cette proposition il en avait tant rêvé durant des siècles.
Cet être venu de la mer lui disait clairement de l’accompagner, son rêve d’évasion paraissait enfin prendre réalité, la solitude allait donc se terminer ainsi en ce jour devenu déjà bien extraordinaire.
Sans qu’il puisse rien y faire des larmes coulaient le long ses joues blanches et rendues froides à cause des températures, il n’était qu’un enfant qui voyait ce qu’il avait toujours recherché lui tend les bras.
Sans hésiter une seconde de plus il attrapa la main géante qu’on lui tendait, n’arrivant pas à arrêter les sanglots qui continuant d’affluer en masse, remerciant du plus profond de son être cet homme qu’il était si généreux avec lui. Il ouvrit de nouveau la bouche, la gorge serrée par tant d’émotions qui le touchaient.

- Je suis seul ici depuis de longues années… Pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait de si mal ?


Un enfant qui n’arrivait pas à retenir ses larmes, qui voulait simplement comprendre ce qu’il lui arrivait depuis le début et savoir enfin la vérité sur son identité, il serrait la main de l’inconnu autant qu’il pouvait tout tremblant.
Son souhait était que le plus grand l’emmène bien loin de ce désert polaire vers un lieu magique, désormais il savait qu’il y avait un monde bien au-delà des icebergs et il voulait le voir de ses propres yeux, et pour cette raison il ne lâcherait pas cette main.
Lui qui avait toujours été mis à l’écart était enfin reconnu, sachant pertinemment que maintenant l’avenir ne serait plus jamais le même, c’était comme recevoir une réponse après des siècles de punition.
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MessageSujet: Re: {1820} Toi et tes icebergs [Antarctique]   {1820} Toi et tes icebergs [Antarctique] Icon_minitimeLun 28 Fév - 11:22

    L'entends-tu, petit ? Le son du vent ? Un son que moi, j'avais oublié, à passer dans d'années loin de lui... Le son du vent, ressemblait à un air joué au violon. Il pouvait être doux, il pouvait être agressif. Il pouvait se montrer agile autant que lourd. Il était... tout. Et rien. Il était le monde, le sifflement dans les branches, la douce danse de la neige autour d'eux. Elle était tellement belle, à tournoyer ainsi, la neige. Russie ne la regardait plus de cette façon, depuis des années déjà. Il ne la regardait plus comme quelque chose de beau. Il ne regardait plus la danse mélancolique des flocons, leur douce montée vers le ciel, leurs brusques écart. Pour lui, la neige était cruelle. Elle lui enlevait froidement ce auquel il tenait. Ceux auxquels il tenait. Ce qu'il considérait comme important. Ceux qu'il considérait comme importants. Ivan n'aimait pas la neige. Ivan n'aimait pas la glace, ni le froid, ni le murmure du vent quand il glissait à travers la ramure des pins. Ivan n'aimait rien de tout cela, Ivan n'avait pas le temps de l'entendre. Ivan n'avait plus le temps de l'entendre. Peut-être qu'il ne le voulait même plus ; après tout, c'était effrayant, le vent. Le son du violon, oui, mais, si les cordes étaient désaccordées, alors, qu'était-il ? Un bruit discordant, épuisant, un bruit que l'on souhaitait fuir, du plus profond de soi-même. Le vent, c'était aussi ça, ce sentiment de détresse, en même temps d'être la caresse de la bise matinale.

    Le grand russe regarda le petit garçon. Le garçon, qui le fixait. Le garçon, qui semblait si perdu. Le garçon, qui lui prenait la main, qui la lui serrait. Il se demanda pourquoi. Pourquoi s'accrochait-il ainsi ? Qu'avait-il ? Avait-il été abandonné ? Pauvre gosse. Il ne méritait pas d'être seul. Personne ne méritait d'être seul. Pourtant cette lueur dans son regard, c'était celle que les enfants avaient, lorsqu'ils n'avaient personne vers qui se tourner. C'était la petite lueur qui indiquait que les larmes coulaient à flot et traçaient un chemin sinueux le long de ses frêles joues. Allons, allons, ne pleure pas, sèche tes larmes, qu'elles ne se transforment pas en lourds glaçons que ses pauvres petites épaules ne pourraient porter. Il semblait au russe que les sanglots de l’enfant ne s’arrêteraient jamais. Allons bon. Il n’avait pas de raison d’avoir peur de lui, non ? Il ne l’avait pas blessé, pourtant. Il n’avait même pas insinué qu’il allait le blesser ni chercher à le faire. Alors, qu’y avait-il ? Etait-il intimidant ? Etait-il trop grand ? Etait-il trop différent ? Allait-il être repoussé ? Ivan ne s’attaquait pas aux enfants, sauf pour de rares exceptions –kofkofLettoniekofkof– donc il n’avait rien à craindre de lui. A priori. D’un autre côté, s’il le craignait, il ne lui donnerait pas la main comme ça, non ? Russie resta un instant à regarder le jeune garçon, attendant. Il passa la main dans ses cheveux pour le réconforter quelque peu, même s’il savait pertinemment ne pas être excessivement doué pour ce genre de choses.

    - Je suis seul ici depuis de longues années… Pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait de si mal ?

    Il écouta ce que le gamin lui disait entre deux sanglots. Il était seul ? Depuis de longues années ? Il semblait pourtant si jeune, comment était-ce possible ? En débarquant, Russie n’avait pas vu de navire qui semblait brisé, il aurait pu être un enfant sauvage dont les parents étaient décédés durant un naufrage, il se serait retrouvé ici, aurait été élevé par les phoques et… stop, ça devenait du délire. Allons. Comment se faisait-il qu’un petit garçon d’à peine quoi, cinq ans ? se soit retrouvé seul dans un endroit pareil pendant « de longues années » ? Ah. Le Russe ne mit pas longtemps à comprendre. Il n’y avait pas que les naufrages, les phoques, les baleines, Chopin et Beethoven. Un aussi jeune enfant, perdu sur une aussi vaste contrée, de glace et de froid, avec les yeux aussi bleus que cette terre en question…

    - Ne serais-tu pas… Antarctique ?

    Une Nation. Il ne s’attendait pas vraiment à voir une Nation dans une terre aussi désolée. Pauvre gosse. Il comprenait pourquoi il n’y avait personne alentour, à présent. Il n’avait sans doute pas de parents. Et cet oiseau qui l’accompagnait, qu’était-ce ? Russie se retint de poser la question ; ce n’était apparemment pas le moment de le faire. « Seul ». Bien triste mot. Il était donc « seul » depuis longtemps. Avait-il seulement jamais eu de compagnie autre que les animaux ? Il ne semblait pas à Ivan avoir entendu parler un pays à propos d’un jeune garçon vivant sur la banquise. De toute façon, si ça avait été le cas, il ne serait pas ici, il serait chez le pays en question. Simple question de logique. Aucune nation, aucune, ne l’aurait laissé moisir ici. C’était un enfant. C’était une Nation, une terre. Ivan ne connaissait pas beaucoup de ses camarades qui auraient été prêts à renoncer à une terre. Lui allait devoir le faire, mais c’était différent. Il était le seul à être descendu du navire. Il ne pouvait pas l’emmener. Il ne pouvait pas contacter l’empereur pour lui en parler. Il reviendrait, plus tard, pour le ramener avec lui. Il avait fallu si longtemps pour que quelqu’un pose le pied sur le continent du Sud, il pourrait bien se passer encore quelques années avant que quelqu’un d’autre n’arrive… non ? Puis, il restait celui qui avait découvert l’Antarctique, qui l’avait observé pour la première fois. Les grecs avaient émis des suppositions, mais ils n’avaient pas pénétré son territoire. Ptolémée, ce grand savant, haha ~ Il parlait beaucoup, oui, mais il n’avait pas été « plus loin ». Pas pour l’Antarctique, en tout cas. Il avait raison, entièrement raison, c’était une terre de glace. C’était à se demander s’il n’avait pas été voir, en réalité… non, impossible. S’il avait vu, ce ne serait plus des suppositions mais bien des affirmations qu’il aurait émises. Il se remémora la question du gamin. Qu’est-ce qu’il avait fait de si mal ? Il n’en savait strictement rien.

    - Je ne pense pas que tu aies fait quelque chose de mal, lui dit-il avec un sourire. Tu es juste né au mauvais endroit. Mais ça va aller maintenant. Des gens viendront te voir, dans quelques années tu verras, tu auras bien plus de compagnie que maintenant.

    Il se voulait rassurant. Il n’en doutait pas, de toute façon. Il reviendrait, lui, c’était sûr. Et cette fois, il pousserait les autres du navire à venir avec lui, à poser le pied sur ce territoire qui lui appartiendrait donc officiellement. Il pourrait le ramener avec lui, et il ne serait plus jamais seul. Il suffirait de convaincre l’empereur de renvoyer des navires d’explorations en Antarctique, de le laisser y aller à nouveau. Ça ne devrait pas être difficile, il suffirait de lui dire ce qu’il avait vu. Il suffirait de lui expliquer qu'il y avait de la terre, qu'il y avait une Nation, que même si c'était une terre de glace, c'était quand même une terre. Et puis surtout, qu'il y avait une Nation ! Une vraie Nation, qui pouvait être à eux ! L'empereur ne laissait jamais de côté son désir de conquête. C'était trop important. C'était la seule chose qui démarquait les pays entre eux, après tout, le territoire, le nombre de colonies. Puis, il suffirait de noter qu'il y avait là-bas des "âmes mortes", il pourrait repeupler toute l'Antarctique de cette façon, comme Gogol avait peuplé la Sibérie dans son livre. Il avait de l'espoir, hein ? Mais bon, on peut toujours tricher sur les chiffres. Il suffisait d'un peu de cran et c'était dans la poche. Juste un peu de cran. Tout ça, à condition bien sûr, que personne n'ait vu l'Antarctique avant lui.

    - As-tu déjà vu quelqu’un d’autre, avant moi ?

    Dans le doute, mieux valait poser la question. On ne sait jamais, quelque fois qu’il y en ait qui ait des réclamations territoriales… Il y en avait certains auxquels Russie préférait éviter de se frotter –kofkofMongoliekofkof– sauf s’il s’agissait de leur faire manger des pissenlits par la racine. Et pas dans le deuxième sens du terme, dans le sens littéral, c’est-à-dire arracher des pissenlits et les gaver avec. C’était un passe-temps comme un autre, plus ou moins selon s’il était celui qui mangeait les pissenlits ou s’il était celui qui gavait l’autre.
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MessageSujet: Re: {1820} Toi et tes icebergs [Antarctique]   {1820} Toi et tes icebergs [Antarctique] Icon_minitimeSam 12 Mar - 10:20


Essayant de retenir cette eau salée qui coulait de ses yeux il regardait le géant face à lui, tenant toujours fermement cette main qu’on lui avait si gentiment tendue, voulant paraître un minimum fort.
Mais les faibles tremblements de son frêle corps le trahissait malgré lui, il ressentait la peur que l’étranger l’abandonne ici sans même lui répondre à sa question ou même qu’il le trouve bien trop faible pour avoir un quelconque intérêt, et les larmes continuaient encore à couler bien qu’à un rythme plus lent. L’enfant avait l’impression d’être face à une entité supérieure qui le dépassait de loin, en commençant par le physique où il se faisait battre à plate couture, mentalement le blond devait avoir une connaissance sans fin puisqu’il venait d’un autre monde à l’aide d’une sorte de monstre qu’il avait laissé sur les côtes; c’est pourquoi James avait la conviction que le géant serait répondre à sa question.
En silence il observa la main qu’il tenait depuis un petit moment maintenant, on aurait dit la patte d’une bête tant elle lui paraissait grande et de plus recouverte d’une sorte de peau de texture différente à celle du visage, la sienne faisait bien pâle figure à côté.
Le vent continuait son manège incessant en soufflant régulièrement pour se laisser mourir sur le sol et recommencer à souffler, il pouvait sentir ses cheveux se soulever légèrement pour ensuite retomber presque devant ses yeux, le laissant perplexe sur tant de différences entre ce nouvel indivis et lui alors qu’ils paraissaient de la même race.
Peut être qu’ils étaient un peu comme les phoques, les plus petits possédaient une peau bien différente de ceux des adultes en étant tout blanc, peut être que lui aussi deviendrait aussi grand que ce géant à un moment donné.

- Ne serais-tu pas… Antarctique ?

Ce mot. Antarctique. Il résonnait en un instant au fond de sa tête comme si la vérité se dévoilait enfin à lui, un simple mot qui faisait toute la différence et qui prenait une importance sans égale.
Une sorte de conscience endormit qui ne demandait qu’à se réveiller, il n’était pas comme tout le monde c’était une certitude mais auparavant jamais James n’aurait su le dire, comme si il avait refoulé bien loin sa vraie nature dans un coin de sa tête.
Un fin sourire venait se dessiner sur ses lèvres, il savait enfin qui il était vraiment, on venait en quelque sorte de le baptiser de ce nom bien que quelques notions lui manquaient encore.
Une douce chaleur s’instaurait dans sa poitrine qui le ravissait énormément, il avait reçu une réponse à son longue interrogation qui était en suspend depuis des années, portant son attention sur son fidèle compagnon de voyage qui ne devait certainement pas comprendre la situation et les événements qui se déroulaient sous ses yeux. Il était heureux de ce qui venait de se passer en cette journée, les années d’attentes avaient enfin payé, s’imaginant déjà partir de cet endroit avec son oiseau pour découvrir de nouveau horizon en compagnie de cet incroyable géant.
Jamais il ne pourrait jamais témoigner toute la gratitude qu’il pouvait ressentir en ce moment, son rêve de toujours se réalisait enfin, il allait pouvoir dire au revoir à cette solitude qui lui pesait temps et à cette terre glacée et sauvage.
Lui aussi allait monter sur ce drôle de monstre qui l’emmènerait découvrir de nouvelles terres où il ne fait ne fait jamais froid et sans ce vent sec qui souffle continuellement, c’était une vie toute nouvelle qui lui tendait les bras grâce à cet étranger, et dans cette mentalité il avait toujours ce petit sourire accroché aux lèvres. James n’apporterait que Piflip avec lui dans ce nouveau monde, c’était la seule chose qui ne pouvait résoudre à laisser ici vu que l’animal était le seul à avoir bien voulu resté en sa compagnie alors en retour il ne l’abandonnerait jamais et surtout pas ici.
Il le serrait de son bras le plus confortablement possible contre lui, ses larmes c’étaient calmées d’elles-mêmes, tenant toujours la main du géant qui semblait perdu dans ses pensées, attendant patiemment que le plus grand prenne une décision pour la suite des événements.
Antarctique lui paraissait un nom merveilleux, c’était forcément le signe d’un grand changement pour lui, l’enfant se le répétait en boucle dans la tête et se voyait déjà se présenter comme tel quand il partira d’ici. Il regarda l’étranger avec ravissement, le voyant sourire à son tour, tout ceci était tellement de bonne augure.

- Je ne pense pas que tu aies fait quelque chose de mal. Tu es juste né au mauvais endroit. Mais ça va aller maintenant. Des gens viendront te voir, dans quelques années tu verras, tu auras bien plus de compagnie que maintenant.

Son sourire à lui disparu en une fraction de secondes, ses espoirs et rêves se brisaient lentement dans sa tête en l’entendant parler, ceci devait être une mauvaise blague.
Sa pire crainte allait continuer ? Il allait encore devoir rester seul et ce pendant encore des années ?
La joie fit place à une sorte de colère mélangée à la tristesse de l’annonce, ce géant qu’il avait vu si merveilleux lui annonçait que sa solitude allait continuer et le tout en lui souriant, comme si cet étranger s’amusait de voir dans quelle situation critique Antarctique était.
Le grand ne lui paraissait plus aussi glorieux à ses yeux, lui lâchant la main sans attendre pour revenir serrer à deux bras Piflip contre lui, à croire que l’autre lui mentait depuis le depuis.
Il avait forcément fait quelque chose de mal c’était une évidence, et sa punition allait continuer encore des années sur ce bout de glace, l’injustice avait un goût bien plus amer que tout ce qu’il avait pu manger. Le sentiment d’haine envers cet individu qui lui souriait grandissait petit à petit, cette chose venue à dos de monstre avait le culot de venir le voir pour lui annoncer que l’enfant qu’il était resterait seul. Ça l’effrayait tellement de rester encore ici, ne comprenant la démarche que l’autre avait envers lui, était-il au fond l’un de ses bourreaux qui l’avaient isolé sur cette île.
Tout semblait converger vers cette direction et il se sentait si idiot d’avoir pu imaginer un instant que quelqu’un pourrait le sortir de cet enfer au nom de solitude.
Il n’était rien. Rien d’intéressant que tout le monde ignore et que l’on rejette, rien qu’un bout de truc sur une île glacée, rien tout simplement…
Ça faisait mal de se dire que personne ne voulait de lui, que personne ne souhaite l’approcher de trop près, qu’il resterait seul quoi qu’il arrive, qu’on venait ici uniquement pour le rabaisser un peu plus.

- As-tu déjà vu quelqu’un d’autre, avant moi ?

Antarctique ne souhaitait pas répondre à cette question, à n’importe quelle question à l’avenir, il n’écouterait plus ce que cet étranger lui dirait. Lentement il se recula du géant qu’il voyait à présent comme une menace, il ne pouvait avoir confiance en personne à part son oiseau et c’était une évidence qui lui sautait aux yeux. Il usait de la même technique qu’avec les animaux dangereux du coin, et lorsqu’il fut certain qu’il était assez éloigné pour ne pas se faire attraper par les grands bras de cet étranger, il se retourna et se mit à courir le plus vite possible.
L’oiseau qui sentit les fortes secousses préféra déployer ses ailes pour partir des bras de l’enfant, le laissant ainsi courir bien plus facilement.
James ne savait si l’autre le poursuivait, mais une chose était sûr c’est qu’il ne se retournerait pas pour en le savoir, il voulait s’éloigner le plus loin possible de ce géant qui lui annonçait que sa longue solitude continuerait.
Et là ce fut la chute, dans tous les sens du terme, une chute physique contre le glace si froide et celle qui subissait mentalement en se rendant compte que de toute son existence il serait prisonnier d’ici.
Pourtant la douleur physique était bien moins grande que celle qu’il pouvait ressentir face à ses rêves brisés. D'une faible voix il prononça son vœux, le tout en tentant désespérément de se relever.

- Je veux partir d'ici...Ou alors disparaître...

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MessageSujet: Re: {1820} Toi et tes icebergs [Antarctique]   {1820} Toi et tes icebergs [Antarctique] Icon_minitimeLun 14 Mar - 19:29

    Le sourire de l'enfant disparaissait. En une fraction de secondes il s'était totalement éteint. Russie sentit la petite main glacée le lâcher, il regarda de ses grands yeux violets le gosse qui reculait pour s'éloigner de lui. Que lui avait-il fait ? Rien. Il ne lui avait rien fait, absolument rien. Il le fuyait pourtant, comme les autres. Était-il prédestiné à être fui toute sa vie, à ne pas pouvoir garder quelqu'un à ses côtés ? Il le regarda reculer, encore, encore. Son sourire resta accroché à son visage, unique bouée qui le menait vers la sortie, vers la lumière du soleil, et pas celle de la neige la plus froide et la plus glaciale, tandis que le gamin, la toute jeune Nation, s'enfuyait loin de lui. Il continua de le suivre des yeux jusqu'à ce qu'il lui tourne le dos pour le fuir en courant. Aussitôt que ce fut chose faite, son sourire s'abaissa. Il frotta ses mains engourdies par le froid pour se les réchauffer un peu et se mit à suivre le jeune garçon. Ivan lança un regard sur la barque ; elle était toujours là, elle n'avait pas bougé, elle ne bougerait de toute façon pas. A moins que les flots ne décident de l'emmener au loin. Dans ce cas il le priverait de sa seule issue possible, et il serait alors forcé de rester sur ces terres de glace, avec ce gamin pas plus grand qu'un demi-tuyau cassé qui le fuyait comme la peste. Il suivait les traces de pas du gamin. Dans un certain sens, ce n'était pas bien compliqué. Il suffisait de suivre les pieds. Il n'y en avait pas beaucoup, par ici, des traces de pieds, il ne risquait pas vraiment de se tromper de "proie".

    Il faisait de grandes enjambées, suivait les traces du garçon qui se faisaient engloutir par les légers tourbillons de neige. Comme si la nature elle-même ne voulait pas qu'il le retrouve. Comme si elle voulait qu'il le laisse seul, entièrement seul. Mais il n'en était pas question. Au fond il avait peut-être été un peu brutal. Il le savait, mais il n'allait pas lui mentir. Et puis quoi encore, lui dire qu'il allait l'emmener et disparaître durant son sommeil ? C'était la pire des trahisons, envers un enfant qui ne lui avait rien fait. Envers un enfant qui lui ressemblait, même, avec sa peine, sa haine envers la solitude, cette vieille ennemie qu'ils avaient en commun. Il s'arrêta quelques pas derrière lui, le voyant au sol tenter de se relever.

    - Je veux partir d'ici...Ou alors disparaître...

    Il enleva son lourd manteau, s'avança pour prendre le petit par le bras afin de le relever vigoureusement et lui posa ledit manteau sur le dos. Il ne manquerait plus que ça, qu'il attrape froid. Kss. Il serait obligé de rester pour s'en occuper, tiens. Il en fallait beaucoup pour le forcer à rester dans la neige, mais bon, un gosse... oh et puis, il en avait déjà vu de belles. Il le reprendrait en partant. C'était amusant, il flottait dedans, le gamin. Il aurait pu lui couper trois manteaux dans le sien. Pas qu'il veuille le faire, il ne voulait pas l'abimer, non, ce n'était qu'une simple réflexion tout à fait... naturelle. Et puis mince, s'il ne pouvait même plus penser comme il le souhaitait, hein ! Hein... Il garda les mains tirant l'ouverture du manteau, le fermant quasiment pour qu'il recouvre le corps du si petit, si frêle Antarctique. Il lui semblait tellement fragile. Russie reprit son sourire, un sourire doux et enfantin qui laissait se remonter les pommettes qui se planquaient sous ses joues un peu épaisses. Non, il n'était pas gros! Juste un peu enveloppé sur les bords, voilà. Il se tenait bien. Et puis, avec l'hiver qu'il pouvait y avoir chez lui, c'était plutôt un point positif, aussi. Donc, voilà. Accommodation due au climat. Il avait une excuse pour être bien portant et ne pas ressembler à ces bourrins de Vikings qui n'avaient que les muscles, pas de cervelle et rien pour entourer le tout.
    Dommage, ça pouvait être un joli paquet cadeau. Puis il fallait voir la nature. Les ours étaient bien gros pour se tenir chaud l'hiver, ce n'était pas nouveau. En Russie l'Hiver était traître, mieux valait se conduire comme un ours. Non, pas dans tous les sens du terme. Ils ouvraient leur porte et laissaient l'autre pénétrer dans la tanière. Ils lui offraient de la vodka, un lit, un repas. Le lit, pas directement chez eux, il ne fallait pas que l'esprit de la maison se fâche. Ils le casaient là où ils pouvaient, mais il n'était pas mal loti, loin de là. Les Russes n'étaient pas des monstres qui chassaient les étrangers avec les haches. Il y avait bien assez des Danois pour faire ça. Non non, eux, ils faisaient ça avec plus d'élégance, avec les droits de passage, ouep. Tellement de taxes que les gens ne s'approchaient pas. C'était tellement plus simple.

    - Ce serait bien dommage. Dans quelques années tu seras le pays le plus visité au monde. Nombre d'entre nous établissent déjà des routes maritimes pour venir. Il ne reste qu'à trouver comment traverser ces icebergs pour que tu sois ouvert au monde ~

    En disant cela il jeta un regard sur l'horizon, en direction desdits icebergs. Icebergs dont il se méfiait, ils auraient très bien pu rendre sa barque à l'état de petit bois pour le feu. Au loin il pouvait voir les deux navires avec lesquels il était venu. Gardant toujours ses mains sur le manteau il resta un instant songeur, oubliant jusqu'à l'oiseau étrange qui accompagnait le garçon. Oiseau dont il ne connaissait rien, ni la race, ni le nom. Il faisait sans doute partie de ces animaux que les scientifiques venus de la Terre entière viendraient bientôt étudier. Il ne serait plus seul, non. Il y en aurait des milliers, des gens hâtifs de s'approcher de ses terres. Il y en aurait des dizaines, des pays prêts à tout pour aller braver les icebergs, poser le pied sur son continent de glace et enfin voir autre chose que leurs monotones paysages qu'ils parcouraient inlassablement des yeux. Inlassablement ? Peut-être pas. Au fil du temps ils perdaient la petite flamme au fond, qui leur disait que décidément leur paysage était le plus beau de tous. Allez savoir, les conquêtes finalement, c'était peut-être aussi pour ça : voir de nouvelles terres, découvrir de nouveaux horizons, récupérer la petite flamme et ne plus se brûler les doigts à la rechercher.
    Trouver un enfant, pour beaucoup, c'était comme trouver un avenir. Les orphelins étaient tellement heureux d'avoir des parents, qu'ils se conduisaient pour le mieux, faisaient pour le mieux, étaient pour le mieux. Il n'y avait pas un mot déplacé, une simple obéissance. Pour d'autres, trouver un enfant, c'était trouver le malheur, la pauvreté et l'amertume. Et plouf plouf plouf, un morpion dans le lac ~ Pour Russie, ça dépendait du gosse en question. Il y en avait certains qui étaient attachants, d'autres qui étaient de vraies plaies. C'était tout. Dans les yeux d'Antarctique il avait l'impression de voir son propre regard. Seul. Terriblement seul.

    - Crois-moi, j'aimerais t'emmener avec moi. Mais je ne peux pas. Je n'en ai pas le droit, tu me comprends, da ?

    Et certaines fois ils se les brûlaient tout de même, leurs doigts. A force d'attendre. A force de contraintes.
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