Elle se réveilla en sursaut, sa joue ayant glissé, puis lentement appuyé sur le klaxon. Sur le côté droit de son visage était imprimé en relief le losange Renault, par dessus sa sempiternelle tâche de suie. Camille voulut s'étirer. Son dos craqua affreusement, et elle poussa un petit cri de surprise et de douleur.
Nord-Pas de Calais tâta sa poche, voulant regarder l'heure sur son téléphone.
Cette dernière était vide.
Camille se pencha pour attraper son sac, qu'elle glissait habituellement à ses pieds.
Là encore, rien. Tout ce que ses doigts sentaient, c'était la moquette poussiéreuse et râpeuse.
Camille, encore groogy, commença à suer. Elle voulut ouvrir la portière pour se lever, pouvoir chercher plus efficacement....Sa main, sensée se refermer sur la poignée, n'agrippa que du vide.
La portière.
Elle l'avait laissée ouverte. Toute la nuit
Et quoi de plus logique que de voler une pauvre fille assommée par la boisson ?
-'Putain, non...'
Nord-Pas de Calais se fit tout de même les poches une, deux, trois fois. Elle ne trouva que des canoniques papiers de bonbons et des trous dans la doublure. Quant à son porte-monnaie, autant rire. Son porte-monnaie. Merde. Il y avait ses clés de voiture dedans. Le sang quitta son visage, y reflua, battait à ses tempes. Encore une fois, la tête lui tourna et son cœur sembla vouloir quitter son corps, s'en extirper par ses lèvres et pendouiller, arraché, sanguinolent. Elle s'assit, la tête dans ses mains. Quelque chose de dur se fit sentir sous sa fesse gauche, juste dans la rainure du siège. Nord-Pas de Calais tenta de l'extirper, n'y réussit qu'après quelques essais. Dans sa coque noire, usée aux coins, son portable semblait être un énorme scarabée gisant dans sa paume. Camille soupira de soulagement.
Elle fit glisser son doigt sur l'écran, et aussitôt une batterie de messages l'agressèrent comme des diables sortant d'une boîte. Nord-Pas de Calais les ignora tous, et se contenta d'appuyer sur une petite icône. La sonnerie, sans aucune grâce, résonna dans l'habitacle et dans son crâne. Enfin, on répondit :
-'Oui ?'
-'Picardie, je t'en prie, viens me chercher.'